Qu’est-ce qui influence le comportement des personnes ?
Le comportement d’une personne est influencé par de nombreux facteurs à la fois au niveau individuel et au-delà. Les niveaux d’influence peuvent être résumés par l’approche socio-écologique (Figure 1).
Cette approche reconnaît qu’il est possible d’obtenir un changement de comportement grâce à des activités qui interviennent à quatre niveaux : individuel, interpersonnel (famille/pairs), communautaire et social/structurel.
Figure 1 : Approche socio-écologique
À chaque niveau, on trouve des facteurs qui affectent positivement le comportement (appuis) et des facteurs qui influent négativement sur le comportement (obstacles). Prenez en compte l’exemple de femmes approchant l’âge de 35 ans ou approchant leur cinquième grossesse. Votre programme cherche à encourager ces femmes à éviter de futures grossesses ou à obtenir les soins supplémentaires nécessaires afin de garantir la santé de la mère et de l’enfant. Voici certains facteurs à chaque niveau de l’approche socio-écologique qui peuvent influencer ces femmes et leur capacité à rester en bonne santé.
Au niveau individuel, les femmes ont besoin d’informations et de conseils concernant les risques liés à l’AMA et la HP, y compris de savoir où obtenir ces informations, savoir comment accéder à des services offrant des méthodes de PF et des conseils, et savoir comment négocier et utiliser la méthode de PF qu’elles choisissent. |
Au niveau de la famille et des pairs (également appelé « interpersonnel »), les femmes ont besoin de s’adresser à leur mari, leurs amis, leurs frères et soeurs et des membres de leur famille pour obtenir des informations et un soutien précis. |
Au sein de la communauté, les femmes ont besoin de soutien et d’un environnement favorable afin d’obtenir des informations sur les risques liés aux grossesses AMA et HP et les méthodes de PF. Elles peuvent aussi avoir besoin d’être rassurées par rapport au risque d’être stigmatisée par la communauté pour avoir accédé à ces services, avoir eu recours à des méthodes de PF et avoir choisi si et quand elles veulent avoir des enfants. |
Au niveau social/structurel, les femmes peuvent avoir besoin de normes favorables en matière de genre et de relations, y compris de communication entre conjoints et de prise de décision partagée. Elles peuvent aussi avoir besoin de normes favorables en faveur d’une famille de taille inférieure afin d’assurer la santé, la sécurité financière et/ou le bonheur de la mère et de l’enfant. Enfin, elles ont besoin de chefs religieux qui soutiennent les bénéfices de la PEIGS et les politiques en faveur de méthodes et de services de PF abordables et de haute qualité qui sont accessibles à tous. |
Rappel
Pour changer les comportements le plus efficacement possible, les initiatives de communication doivent aborder les facteurs à chaque niveau.
Dans la mesure où il n’est pas toujours possible pour une seule organisation de le faire, il est important de mettre en place des partenariats et de collaborer avec des organisations et des institutions qui opèrent aux niveaux auxquels votre organisation n’opère pas, et de concentrer les initiatives de façon stratégique sur ces obstacles et appuis qui sont les plus susceptibles d’apporter un changement.
Développer une stratégie de CCSC pour amorcer le changement
Auparavant appelée « communication pour le changement de comportement » (CCC), la CCSC est une approche qui favorise et facilite les changements dans les connaissances, les attitudes, les normes, les croyances et les comportements. Les acronymes CCC et CCSC sont similaires. Ils font tous deux référence à une série d’activités et de stratégies favorisant les habitudes de comportement saines. Le mot « social » a été ajouté au concept de CCC afin d’indiquer que pour améliorer les résultats sanitaires, il est nécessaire de soutenir un changement social plus vaste. Dans ce manuel, nous privilégierons le concept de CCSC à celui de CCC.
Il est important d’avoir recours à une approche stratégique systématique de la CCSC pour analyser le problème, définir les principaux obstacles et facteurs de motivation en faveur du changement, puis de concevoir et de mettre en oeuvre un ensemble d’interventions exhaustif visant à soutenir et à encourager les comportements positifs. Une stratégie de communication fournit le modèle de guidage pour les campagnes et interventions en matière de CCSC, en veillant à :
- définir les objectifs de communication
- identifier les cibles concernées
- déterminer des messages cohérents et pertinents pour l’ensemble des documents et interventions des cibles
- choisir des approches, des canaux et des activités de communication de manière stratégique
- définir des indicateurs et méthodes d’évaluation réalistes
Vous avez probablement observé ou été impliqué(e) dans des activités de CCSC dans votre région, par exemple :
Une campagne médiatique de masse en faveur de l’utilisation du préservatif pour prévenir le VIH par le biais de messages d’intérêt public et/ou de feuilletons diffusés à la radio ou à la télévision.
Une troupe de théâtre jouant une pièce portant sur la violence basée sur le genre et tenant une discussion après la représentation.
Une émission de radio qui répond aux questions des auditeurs en matière de planification familiale.
Un programme scolaire qui encourage les élèves à attendre avant d’avoir leurs premiers rapports sexuels.
Un service de messages courts (SMS) ou d’assistance téléphonique qui fournit des informations sur la planification familiale ou le VIH.
Les programmes de CCSC efficaces utilisent différents canaux de communication pour atteindre les cibles concernées.
Utiliser la théorie de changement de comportement pour informer d’une stratégie de CCSC
Ressources
Pour plus d’informations sur tous les aspects de la CCSC, le Health COMpass est un excellent point de départ. Le site web traite de toutes les informations et ressources en matière de CCSC jusqu’aux outils réels et aux exemples de projets mis en oeuvre dans le monde entier.
Les théories de changement de comportement peuvent nous aider à comprendre ce qui poussent les gens à agir comme ils le font et comment les comportements changent. Les théories de la CCSC peuvent s’avérer utiles pour guider la conception du programme de CCSC et elles vous aident à vous focaliser sur les personnes et les thèmes que votre programme doit traiter.
La plupart des théories de changement de comportement incluent des déterminants comportementaux similaires ou des facteurs qui ont des conséquences sur la façon ou la possibilité de penser à un comportement (voir le Tableau 2). La recherche sur la cause profonde d’un problème de santé peut permettre d’identifier le ou les déterminant(s) qui influenceront le plus un comportement au sein d’une cible en particulier et par conséquent de cibler votre conception de programme. Une fois que les déterminants comportementaux spécifiques sont identifiés, les messages et les activités du programme peuvent être adaptés de manière adéquate afin d’y répondre.
Rappel
Lors de l’évaluation d’une activité ou d’une intervention de CCSC, il est important de mesurer les modifications des déterminants comportementaux d’intérêt et pas uniquement les changements des connaissances et des attitudes.
Tableau 2. Éléments fréquents de la théorie de changement de comportement
DÉTERMINANTS COMPORTEMENTAUX LIÉS À : LA MOTIVATION
La motivation est le désir qu’a une personne d’adopter un comportement promu.
DÉTERMINANT COMPORTEMENTAL | EXPLICATION |
---|---|
Attitude | L’évaluation ou les pensées d’une personne
du comportement promu.
Par exemple : s’il est « correct » ou « bien » qu’une femme pense avoir recours à la PF pour retarder ou limiter les naissances et éviter des grossesses AMA ou HP. |
Croyances | La perception qu’a une personne du comportement promu, que celle-ci soit basée sur des faits ou non.
Par exemple : quand une femme d’AMA ou à HP pense qu’utiliser une méthode de PF lui causera des problèmes de santé. |
Intention | Le projet ou le désir futur qu’a une personne de suivre le comportement promu.
Par exemple : quand une femme prévoit de commencer une méthode de PF dans quelques mois, après avoir donné naissance, afin d’éviter des grossesses à l’avenir. |
Source de contrôle | L’idée qu’une personne croit que sa santé est 1) contrôlée par d’autres personnes ou circonstances, comme le destin ou Dieu ou 2) sous le contrôle direct de la personne elle-même.
Par exemple : si une femme pense que Dieu détermine le nombre d’enfants elle aura, elle ne sera pas motivée pour avoir recours à la PF afin d’éviter une grossesse AMA ou HP. |
Attentes quant au résultat | La croyance ou confiance placée dans le fait qu’un comportement promu apportera le résultat promu.
Par exemple : quand une femme croit que l’utilisation d’une méthode de PF moderne préviendra une grossesse AMA ou HP. |
Norme subjective | Cela fait référence à la possibilité que la personne ressente une pression d’avoir un avis sur le comportement promu qui est similaire à celui de son groupe social.
Par exemple : si une femme plus âgée sait que sa famille et ses amis soutiennent la PF pour espacer les naissances, elle sera davantage susceptible d’accepter la PF afin d’espacer les naissances. |
Menace (risques) | Si une personne perçoit un risque de problème, elle sera susceptible de changer son comportement pour réduire le risque. « Menace » ici correspond à la gravité perçue (gravité du problème) et à la susceptibilité perçue (la probabilité qu’elle « contracte » le problème de santé).
Par exemple : si une femme se souvient que son dernier accouchement était difficile, pense que c’est parce qu’elle a eu déjà beaucoup d’enfants et craint que d’autres naissances soient encore plus difficiles et plus dangereuses, elle sera davantage susceptible d’adopter une méthode de PF afin de prévenir les grossesses à l’avenir. |
« Coût » perçu/Disposition à payer | Ce qu’une personne croit qu’un comportement lui « coûtera » et sa disposition à « payer » ce coût. Ici, le coût est mesuré en temps (passé en dehors du travail et de la famille), prix (gain ou perte monétaire), acceptation sociale (perte ou gain du soutien des amis ou de la famille) et autres facteurs.
Par exemple : si une femme pense que sa famille ou sa communauté la ridiculisera ou la rejettera pour avoir eu recours à la PF, les conséquences sociales négatives peuvent être plus importantes que le bénéfice de la prévention d’une grossesse AMA ou HP. |
DÉTERMINANTS COMPORTEMENTAUX LIÉS À : LA CAPACITÉ
La capacité fait référence aux compétences ou à la capacité d’une personne à mettre en oeuvre un comportement promu.
Les informations correctes sur le problème de santé publique (les symptômes, les causes et la transmission). Par exemple : si une femme sait et comprend que le fait d’être âgée de 35 ans ou plus ou d’avoir eu cinq naissances ou plus présente des risques pour les grossesses futures, elle a les bonnes connaissances concernant une grossesse AMA et HP. La croyance d’une personne en sa capacité à adopter le comportement promu avec succès et en ses compétences pour le faire. Par exemple : Quand une femme d’AMA pense qu’elle peut discuter de PF avec son mari. La perception d’une personne concernant la quantité de soutien qu’elle recevra pour mettre en oeuvre le comportement promu. Une personne est davantage susceptible de mettre en oeuvre un comportement si elle est soutenue par son environnement social. Par exemple : si le mari d’une femme dit qu’il veut l’aider à éviter une grossesse AMA et HP, et que les amis de cette femme l’ont encouragée à avoir recours à la PF, elle sera davantage susceptible d’adopter une méthode de PF.
DÉTERMINANT COMPORTEMENTAL EXPLICATION Connaissances
Confiance dans sa propre efficacité
Soutien social
DÉTERMINANTS COMPORTEMENTAUX LIÉS À : L’OPPORTUNITÉ
L’opportunité fait référence à la probabilité qu’une personne mette en oeuvre un comportement promu en fonction des facteurs environnementaux, institutionnels et structurels.
Selon si les outils et produits nécessaires à un individu pour mettre en oeuvre un comportement sont disponibles. Par exemple : si une femme à HP souhaite adopter et continuer à avoir recours à une méthode de PF, la méthode est-elle disponible au sein de sa communauté ? Selon si les services nécessaires à un individu pour mettre en oeuvre un comportement sont disponibles. Par exemple : si une femme souhaiterait connaître les risques d’une grossesse AMA et HP, les prestataires de service locaux sont-ils en mesure de et disponibles pour fournir des informations correctes et des conseils respectueux ? Une croyance au sein de la communauté concernant le comportement promu que les personnes sont supposées suivre. Une personne est davantage susceptible de mettre en oeuvre un comportement promu si une norme sociale positive et constructive liée existe. Par exemple : si une femme d’une communauté peut prendre des décisions concernant sa propre santé, elle est davantage susceptible de pouvoir contrôler sa capacité à utiliser la PF ou non.
DÉTERMINANT COMPORTEMENTAL EXPLICATION Disponibilité
Qualité des soins/confiance dans les services
Norme sociale
L’Annexe A fournit plus d’informations sur les théories les plus fréquemment utilisées dans les programmes de CCSC de PF ainsi que des exemples de leur mise en application.
Ressources
Pour obtenir des conseils étape par étape sur la conception d’une stratégie de CCSC, veuillez consulter le Manuel de mise en oeuvre de la conception d’une stratégie de communication sociale pour le changement de comportement .
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