À propos des préservatifs féminins
Biologiquement, les femmes sont plus vulnérables à l’infection par le VIH que les hommes et, dans la plupart des pays du monde, elles ont moins la possibilité que leurs homologues masculins de décider comment et avec qui elles ont des rapports sexuels. Les inégalités de richesse, la dépendance économique envers leur conjoint masculin, les inégalités dans l’enseignement et les normes relatives à la prise de décisions dans les couples accroissent toutes la vulnérabilité des femmes, plus particulièrement au détriment des jeunes et des plus pauvres. À l’échelle internationale, environ la moitié des 35,3 millions de personnes vivant avec le VIH sont des femmes, qui représentent 57 % des personnes vivant avec le VIH dans le cadre de l’épidémie généralisée qui sévit en Afrique du Sud[1].
Présentation du produit
Conçu pour s’adapter à l’intérieur du vagin, le préservatif féminin est fabriqué dans un matériau fin et souple. Comme le préservatif masculin, il s’agit d’une méthode barrière, fabriquée en latex ou en polyuréthane, qui empêche le pénis et le sperme d’entrer en contact avec le col de l’utérus et le vagin. Toutefois, contrairement à la version masculine, il recouvre également une partie des organes génitaux externes féminins, afin de rester bien en place et de protéger les femmes contre les IST externes. Les modèles commercialisés actuellement sont dotés d’un anneau souple, d’une éponge ou d’une capsule contenant des formes en mousse à l’extrémité fermée du préservatif, ce qui en permet l’insertion et le maintien en place pendant le rapport sexuel[2]. Tandis qu’un éventail de contraceptifs protègent les femmes contre une grossesse non souhaitée, seuls les préservatifs (masculins et féminins) assurent une double protection en stoppant la transmission du VIH et en prévenant les grossesses non souhaitées. S’ils sont utilisés méthodiquement et correctement, les préservatifs sont très efficaces en matière de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), notamment le VIH. Tous les préservatifs féminins présentent l’avantage suivant : inutile d’attendre que l’homme ait une érection pour l’utiliser. Par conséquent, la femme peut insérer son préservatif pendant les préliminaires et l’homme n’est pas tenu de se retirer immédiatement après l’éjaculation. Il s’agit actuellement de l’unique technologie conférant aux femmes et aux adolescentes un contrôle supérieur de leur protection contre le VIH, d’autres IST et les grossesses non souhaitées. Le préservatif féminin est disponible sans ordonnance et n’est associé à aucun effet secondaire. Il peut être conservé et distribué facilement et convient aux femmes de tout âge[3].
Situation du produit
Même s’il n’a pas encore été prouvé que la programmation du préservatif féminin pourrait bouleverser les normes sociétales et changer la dynamique du pouvoir sexuel, le préservatif féminin peut sans aucun doute jouer un rôle unique en : (1) prévenant les nouvelles infections par le VIH chez les femmes en âge de procréer, (2) aidant les femmes vivant avec le VIH à éviter les grossesses non souhaitées. Les approches optimisant la contribution du préservatif féminin aux objectifs de santé nationaux et internationaux doivent être entièrement explorées. Par ailleurs, une promotion et une évaluation plus empiriques doivent être réalisées afin d’en maximiser les répercussions et la rentabilité.
Produits disponibles
Même si de nombreux préservatifs féminins sont à présent en développement, seuls deux d’entre eux ont reçu l’approbation de l’OMS et sont disponibles pour un approvisionnement en grande quantité : le FC2 et Cupid. Le principal préservatif féminin ayant été distribué à ce jour est le FC1/FC2 de Female Health Company. D’autres préservatifs, comme le Woman’s Condom, le Phoenurse, le HLL Female Condom, le préservatif féminin Origami et le préservatif VA worn-of-women (VA w.o.w.) sont toujours en cours de développement ou font encore l’objet d’essais cliniques. Certains produits sont décrits brièvement[4].
Produit |
Illustration |
Caractéristiques |
Fabricant |
Réglementation |
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FC2 | Il comprend un anneau interne circulaire souple pour insérer le dispositif et le maintenir en place pendant l’utilisation et un anneau externe circulaire souple pour protéger les parties génitales. Le nitrile est conducteur de chaleur. | Fabriqué par la Female Health Company ; distribué dans 130 pays. | Marquage CE ; préqualification OMS en 2007, renouvelée en 2012. | |
Cupid | Il est doté d’un cadre externe octogonal et s’insère à l’aide d’une éponge de grade médical, qui maintient également le préservatif en place pendant l’utilisation. Prélubrifié avec de l’huile de silicone, il s’agit du seul préservatif féminin perfume. | Fabriqué par Cupid Ltd, India ; distribué dans 7 pays. | Marquage CE ; préqualification OMS en 2012. | |
Woman's Condom | Il est doté d’une capsule d’insertion souple et arrondie, qui se dissout rapidement après son insertion dans le vagin. Quatre formes en mousse à l’extérieur du préservatif en assurent la stabilité interne. | Fabriqué par la Shanghai Dahua Company, China ; distribution limitée. | Marquage CE ; en cours d’examen en vue d’une préqualification OMS. | |
Phoenurse |
| Son corps a la forme d’un haltère, avec un anneau circulaire interne et un anneau circulaire externe. Il est commercialisé avec un bâton d’insertion qui se fixe à l’anneau interne en vue d’une utilisation facultative pendant l’insertion dans le vagin. | Fabriqué par Tianjin Condombao Medical Polyurethane Tech., Chine. | Marquage CE |
Efficacité des produits
En 2011-12, le Programme Commun pour l’Accès Universel aux Préservatifs Féminins (UAFC) a soutenu une étude de fonctionnalité comparative de quatre préservatifs féminins : (FC2, Cupid, le Woman’s Condom [WC] et VA w.o.w.), menée dans des centres situés en Chine et en Afrique du Sud. Le taux total d’échecs variait de 3 % à 4,5 %[5]. Du point de vue des programmes, le degré auquel leur ajout au mélange des modes de contraception utilisés augmente le nombre total de rapports sexuels protégés est une dimension absolument essentielle de l’efficacité des préservatifs féminins. Les évaluations de leur promotion auprès des patientes des centres de planning familial en Californie[6] et des travailleuses sexuelles en Chine[7] ont toutes deux mis l’accent sur l’importance d’une promotion ciblée et fonction des compétences, en accroissant le pourcentage total de rapports sexuels protégés par les préservatifs féminins ou masculins grâce aux interventions menées autour du préservatif feminine.
Obstacles frequents
Les normes relatives aux relations qui régissent la confiance, la communication et la prise de décisions constituent les principaux obstacles à l’utilisation des préservatifs masculins comme féminins. Par ailleurs, les attributs des produits, l’effet perçu sur le plaisir sexuel masculin (et, dans une moindre mesure, sur le plaisir féminin), l’attitude des partenaires masculins et des prestataires de soins de santé, ainsi que la capacité à négocier l’utilisation du préservatif féminin et à l’insérer sont les facteurs les plus susceptibles de déterminer le recours au préservatif féminin par les femmes. Dans la plupart des études, le recours au préservatif féminin est faible et diminue généralement après les campagnes de lancement, car sa disponibilité n’est pas pérenne. Certaines données anecdotiques, obtenues dans des pays développés et en développement, indiquent que les préservatifs féminins sont utilisés par les hommes ayant des rapports sexuels anaux avec d’autres hommes pour prévenir les IST/le VIH. Toutefois, pour le moment, aucune preuve soumise à un comité de lecture publiée n’existe concernant leur sécurité et leur efficacité lors d’une utilisation à ces fins. Les préservatifs féminins ne sont pas préqualifiés par l’OMS pour une utilisation pendant un rapport sexuel anal et, par conséquent, il n’existe actuellement aucune recommandation internationale conseillant aux femmes ou aux hommes de les utiliser pour prévenir les IST/le VIH pendant un rapport anal. Pour plus d’informations sur les préservatifs féminins, veuillez consulter le site de l’initiative Every Woman Every Child des Nations Unies.
[1] ONUSIDA. (2013). Rapport ONUSIDA sur l’épidémie mondiale de sida 2013. [2] Technologies, Caucus on New and Underused Reproductive Health. (2012). Female Condom Product Brief (Vol. 2014). [3] Enfants, Commission des Nations Unies sur les produits d’urgence aux femmes et aux. (2012). Contraceptive Commodities for Women’s Health. [4] UFAC. (2013). Female Condom Product Brief. [5] Beksinska, Mags E, Piaggio, Gilda, Smit, Jennifer A, Wu, Junqing, Zhang, Yufeng, Pienaar, Jacqueline, . . . Joanis, Carol. (2013). Performance and safety of the second-generation female condom (FC2) versus the Woman's, the VA worn-of-women, and the Cupid female condoms: a randomised controlled non-inferiority crossover trial. The Lancet Global Health, 1(3), e146-e152. [6] Choi, Kyung-Hee, Hoff, Colleen, Gregorich, Steven E, Grinstead, Olga, Gomez, Cynthia, & Hussey, Wendy. (2008). The efficacy of female condom skills training in HIV risk reduction among women: a randomized controlled trial. American Journal of Public Health, 98(10), 1841. [7] Liao, S, Weeks, MR, Wang, Y, Nie, L, Li, F, Zhou, Y, . . . Li, J. (2011). Inclusion of the female condom in a male condom-only intervention in the sex industry in China: a cross-sectional analysis of pre-and post-intervention surveys in three study sites. Public health, 125(5), 283-292.