À propos du sulfate de magnésium
Tous les ans, près de 287 000 femmes meurent de complications liées à la grossesse et à l’accouchement. La pré-éclampsie et l’éclampsie (PE/E) (élévation dangereuse de la pression artérielle pendant la grossesse) constituent la deuxième cause de mortalité maternelle et peuvent conduire à des convulsions, à une insuffisance rénale et hépatique, voire à la mort maternelle et infantile en l’absence de traitement. Elles seraient responsables de 22 % des morts maternelles et, d’après les estimations, affectent 63 000 femmes par an dans le monde entier[1].
Présentation du produit
Le sulfate de magnésium (MgSO4) est reconnu par l’OMS comme étant le médicament le plus sûr, le plus efficace et le moins coûteux utilisé pour le traitement de la PE/E. Si le sulfate de magnésium correspond au traitement standard de ces affections dans la majorité des pays développés, des médicaments moins efficaces et présentant des risques plus importants, tels que le diazépam et la phénytoïne, restent largement utilisés dans les pays en voie de développement.
Le sulfate de magnésium coûte environ 0,10 $ par ml (prix fournisseur moyen) et il est produit par un grand nombre de fabricants internationaux, ainsi que par de nombreux fabricants nationaux du monde entier. Le sulfate de magnésium est administré par injection dans une veine ou un muscle de la patiente. Le gluconate de calcium, un supplément minéral, est un antidote disponible pour les rares cas de surdosage en sulfate de magnésium.
Situation du produit
Le sulfate de magnésium est répertorié sur la liste de médicaments essentiels de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui le recommande, car il s’agit du traitement le plus efficace, le plus sûr et le plus abordable « indiqué en cas d’éclampsie ou de pré-éclampsie sévère, à l’exclusion des autres troubles convulsifs »[2].
Certaines études de cas montrent la manière dont le sulfate de magnésium est inclus dans les protocoles nationaux pour la prestation de services de santé maternelle, ainsi que sur les listes de médicaments essentiels et dans les recommandations thérapeutiques conventionnelles de nombreux pays (où les données nationales ont été recueillies et rapportées), dont le Ghana, le Mali, le Malawi, la Mongolie et l’Inde[3]. Par ailleurs, une étude du PISMI indique que la plupart des pays, à l’exception du Rwanda et de l’Éthiopie, ont signalé avoir inscrit le sulfate de magnésium sur leur liste de médicaments essentiels[4]. Une enquête de l’OMS relative à la Stratégie mondiale pour la santé reproductive (résolution 55.12 de l’Assemblée mondiale de la Santé) a évalué le recours au sulfate de magnésium et a montré que ce produit était disponible dans environ 85 % des 58 pays sondés.
Produits disponibles
Près de 35 fabricants de génériques du sulfate de magnésium ont été identifiés dans le monde entier, mais ils sont probablement plus nombreux, particulièrement en Asie et en Amérique latine. Ces produits sont disponibles en ampoules ou flacons en verre, dotés d’un bouchon et d’une capsule en caoutchouc ou en latex. Le sulfate de magnésium est très stable à température ambiante et, s’il est fabriqué, conditionné, stérilisé et scellé correctement, il est peu probable qu’il se dégrade significativement en cas d’exposition à la chaleur. Des consultations récentes des experts ont donné lieu à la recommandation d’un dosage spécifique : 5 g dans 10 ml.
Source: Hospira
Efficacité du produit
Des essais cliniques à grande échelle, menés de 1995 à 2002, ont prouvé que l’efficacité du sulfate de magnésium est supérieure à celle d’autres traitements, dont le diazépam et la phénytoïne[5]. D’après ces essais, le sulfate de magnésium réduit l’occurrence de l’éclampsie de plus de 50 % et les morts maternelles de 46 %. Chez les femmes traitées avec du sulfate de magnésium, la récurrence des convulsions (éclampsie) était respectivement inférieure de 52 % et de 67 % à celle des femmes traitées par diazépam et phénytoïne.
Obstacles fréquents
Les obstacles à l’utilisation efficace du sulfate de magnésium dans les pays en voie de développement incluent des schémas thérapeutiques complexes, un manque d’harmonisation des produits et un manque de connaissance du médicament par les prestataires de soins de santé, qui en limitent tous l’impact[6].
Par exemple, une enquête menée par l’OMS a révélé les difficultés suivantes : la dépendance incessante des prestataires de soins de santé au diazépam en raison de sa relative simplicité d’utilisation dans certaines zones rurales, l’hésitation des prestataires de soins de santé à administrer du sulfate de magnésium en raison des effets secondaires perçus et les délais d’obtention de la deuxième dose lorsque les centres de santé transfèrent la patiente vers le niveau de soins supérieur une fois la première dose administrée. Dans certains cas, l’utilisation du sulfate de magnésium était limitée aux structures de soins spécialisées. Des recommandations nationales détaillant les rôles obstétricaux des structures intermédiaires et la formation des prestataires de soins de santé relative à l’administration du sulfate de magnésium pourraient améliorer l’utilisation adéquate de ce médicament[7].
Pour plus d’informations sur le sulfate de magnésium, veuillez consulter le site de l’initiative Every Woman Every Child des Nations Unies.
[1] EngenderHealth. (2007). Balancing the Scales: Expanding Treatment for Pregnant Women with Life-Threatening Hypertensive Conditions in Developing Countries;sx A Report on Barriers and Solutions to Treat Pre-eclampsia & Eclampsia.
[2] Organisation mondiale de la Santé. (2013). Liste modèle OMS des médicaments essentiels : 18e liste (mise à jour) ; avril 2013.
[3] PATH, MSH, FNUAP, USAID. (2012). Medicines for Maternal Health: United Nations Commission on Life-Saving Commodities for Women and Children.
[4] Fujioka A. et Smith J. (2011). Prevention and Management of Postpartum Hemorrhage and Pre-Eclampsia/Eclampsia: National Programs in Selected USAID Program-Supported Countries.: Maternal and Child Health Integrated Program (MCHIP).